Le dimanche 15 mars 2015 au stadium Lat Dior de Thiès, au Sénégal, c’est l’explosion de joie pour la sélection féminine malienne. Leur deuxième victoire en deux jours face au Cap-Vert (25-20) leur permet de se qualifier pour les prochains Jeux Africains (4 au 19 septembre à Brazzaville en République du Congo) pour la première fois de leur histoire. Une performance extraordinaire pour une équipe qui n’existait pas il y a encore un an. Dirigé par l’ancien ivryen David Morelli, le Mali peut compter sur ces nombreuses joueuses franco-maliennes pour porter haut les couleurs de ce pays n’ayant malheureusement fait la une de l’actualité ces dernières années uniquement en raison de ses conflits armées localisés dans le nord du pays. Aujourd’hui au Mali, le handball revit. Reportage.

Morelli et le Mali, une histoire d’amour

« Tout a commencé il y a quatre ans lorsque j’entraînais l’équipe première féminine de l’US Ivry… » Qui de mieux placé pour raconter le développement du handball au Mali que David Morelli? En 2009, pour cet ancien joueur du club val-de-marnais, c’est le coup de foudre. « C’est à cette époque que j’ai rencontré des joueuses d’origine malienne, explique-t-il. En discutant avec elles, j’avais remarqué que toutes avaient envie de représenter leur pays. Alors, l’idée a fait son chemin. Depuis, je travaille bénévolement pour le développement du handball au Mali. » En collaboration avec une fédération où tout est à construire, David Morelli est un peu l’homme à tout faire du handball malien. « Tout en restant en France puisque j’entrainais la Stella Saint-Maur et que je suis actuellement à la tête des U18 de Villiers-sur-Marne, j’essaye de former les équipes jeunes et juniors au Mali. Je ne suis pas professionnel, ce qui signifie que mes déplacements là-bas, je les fais sur mes jours de congé. Mais les Maliens le méritent. Ce n’est pas parce que je travaille avec eux, mais ce peuple est très accueillant, très ouvert d’esprit, et, aujourd’hui, je vois qu’il y a beaucoup de choses qui se passent pour développer le handball et le sport en général dans ce pays. »

« Depuis quatre ans, je m’occupe un peu de tout à la fédération malienne, sourit David Morelli, qui est également responsable du secteur événementiel et communication au sein du service des activités sportives municipales à la mairie d’Ivry. C’est moi qui me suis occupé de réserver les billets d’avion pour aller jouer le tournoi de qualification aux Jeux Africains, par exemple! » Mais, dans sa folle aventure, le technicien français n’est pas seul. Il est entouré d’une bande d’amis, tous passés un jour ou l’autre par l’US Ivry : André Fontaine, le médecin, Michel Jauriat, le kiné et Nadège Coulet à la communication. « J’avais eu des propositions pour entraîner des équipes de plus haut niveau en France mais il m’en fallait, et il nous en fallait plus, détaille David Morelli. Ce projet malien n’est pas seulement sportif, il est également humain. C’est ça qui nous intéresse. Mais attention, aujourd’hui nous venons aider, faire partager notre expérience du handball mais à terme, le but est évidemment que tous les postes que nous occupons aujourd’hui soient gérés par des Maliens. »

Sur place, ce projet n’aurait jamais pu voir le jour sans Seidou Guindo. L’actuel secrétaire général de la fédération malienne de handball en poste depuis 2002 est l’un des pionniers du développement de la pratique de ce sport au Mali. « Personnellement, David est plus qu’un ami, explique l’intéressé. Nous nous appelons ou envoyons des messages tous les jours. Il s’investit pleinement pour développer le handball ici. David fait parti de notre famille. Nos premiers contacts remontent, en effet, à 2009, lorsque, par l’intermédiaire de Boro Doucouré, un responsable de la fédération qui devait se pencher sur les joueuses franco-maliennes, je l’avais rencontré. Nous avions organisé une compétition au Mali et Boro avait proposé à David de venir. Sans rétribution financière, il a tout de suite décidé d’aider nos entraîneurs. Il a aimé notre pays et nous sommes toujours restés en contact. David est une personnalité très rare aujourd’hui. Il est tombé amoureux de notre pays et, sans salaire, il nous a aidés. Depuis quelques mois, je parle avec le ministère des sports pour tenter, au moins, de le rembourser de ses déplacements chez nous. Souvent, il vient à Bamako en prenant des congés sans soldes. Je me bats pour ça en leur expliquant que si il vient ici c’est pour former les sportifs maliens de demain. »

Des méthodes de sélection forcément originales

Développer le handball malien, oui, mais comment construire une sélection sénior dans un pays où le handball n’est encore qu’à ses prémices? « Les premières joueuses avec qui je me suis entretenu étaient Fanta Diarra et Aminata Doucouré lorsque j’étais entraîneur de la Stella, explique David Morelli. Ensuite, il y a eu beaucoup de bouche-à-oreille, j’ai eu des appels d’un peu partout, souvent des bonnes surprises. Au final, avant de partir au Sénégal, je n’en avais vu que quelques unes. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir un président, Didier Mazens, très compréhensif à Villiers et qui me laisse du temps pour poursuivre ce projet avec le Mali. »

« Il y a deux ans, David m’entraînait à la Stella, explique Fanta Diarra, la capitaine du Mali et actuelle joueuse de Cergy-Pontoise (D2F). A l’époque, on avait forcément parlé de l’idée de sélection malienne. On avait envie de représenter cette nation. Malheureusement, il y a eu les soucis que tout le monde connaît au Mali ce qui a ralenti le processus. Mais après, les choses se sont mises en place pour aboutir à cette sélection qui s’est déplacée au Sénégal. » Dans cette équipe, chacune a donc sa propre histoire. « J’ai joué cinq ans à Mérignac et je suis arrivée à Alfortville (N1) l’été dernier, explique pour sa part Fatimata Nomoko. Quand je suis arrivée, mon entraîneur, Aniko Meksz, m’a dit que David cherchait à rentrer en contact avec moi. Du coup, nous avons discuté et j’ai accepté rapidement de rejoindre l’aventure. »

Au Sénégal, la sélection malienne était composée de quinze joueuses, dont quatorze évoluent en France aujourd’hui, de la D2F à la pré-nationale. « Il devait y avoir deux filles qui jouent actuellement au Mali et issues des sélections jeunes mais Djelika Koné (17 ans – demi-centre) a malheureusement eu des soucis de passeport, précise David Morelli. Mais Bintou Fomba (16 ans – gardienne) du Lycée Sportif Kabala était avec nous. Le but était qu’elles en prennent un peu plein les yeux et qu’elles apprennent aux côtés de joueuses plus expérimentées. »

Lorsqu’elles se sont retrouvées à l’aéroport d’Orly pour s’envoler vers Bamako, la capitale du Mali, plusieurs filles ne s’étaient donc jamais rencontrées auparavant. « C’était vraiment drôle, rigole Fatimata Nomoko. Personnellement, je ne connaissais que Fanta avec qui j’avais joué à Fleury lorsque nous étions plus jeunes. Toutes les autres filles étaient de nouvelles têtes pour moi ! Et finalement, nous nous sommes retrouvées là, à l’aéroport, et on s’est parlé sans savoir même avec qui on discutait…. et tout s’est très bien passé ! On s’est très bien entendu, il n’y a eu aucun problème durant tout notre déplacement alors que d’habitude, dans une équipe de filles, il y a souvent des clans et des petites rivalités (rires). »

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